SCAN rassemble des chercheurs autour de questionnements portant sur les implications du numérique en conception architecturale. Après avoir abordé les thèmes de l’esquisse numérique (2005), de l’image numérique (2007), des approches environnementales (2009), de l’espace collaboratif (2010), des complexités des modèles de l’architecture numérique (2012), de(s) l’interaction(s) des maquettes numériques (2014), du paramètre de modélisation morphologique au paramètre de spécification constructive (2016), cette 8e édition, organisée par l’UMR AAU à l’école nationale supérieure d’architecture de Nantes, prolonge la réflexion en se donnant pour ambition de traiter de la dynamique immersion-émersion et de ses apports à la conception de projets architecturaux et urbains.
En accord avec les conclusions des précédentes éditions du séminaire, nous convenons que la conception architecturale numérique ne peut se résumer à la seule utilisation d’un ensemble d’outils logiciels et qu’elle transforme fondamentalement le processus de projet. L’injection de la mesure systématique comme celle du paramètre (au sens paramétrique), dans le continuum qui va du modèle à la matérialité, interagit avec l’ensemble des autres dimensions du projet, notamment historiques, culturelles, sociétales, esthétiques et économiques. Le processus de conception bénéficie alors d’apports potentiellement très diversifiés, tant en termes de réactivité et de capacité conversationnelle, que de réplicabilité et de transposabilité, mais aussi de prise en compte des éléments de contexte (l’insertion d’un nouveau bâtiment dans un environnement se doit notamment d’exploiter au mieux les ressources utiles de l’environnement tout en minimisant sa propre empreinte sur l’existant), du comportement énergétique, mécanique et thermique des structures, d’analyse du cycle de vie des composants, de modes d’habiter, etc.
Cette assistance à la conception, véritable levier ubique, multiforme et démultiplicateur, nous donne à voir des facettes et éléments de contexte qui nous étaient auparavant inaccessibles. Il nous immerge aussi — au risque de la submersion — dans le site, dans la maquette, dans les données, dans le projet… débauche de flux enveloppants, perpétuels quémandeurs d’attention.
SCAN’18 propose d’interroger la tension entre immersions multiples et émersion (et la notion d’attention qu’elle peut impliquer), en référence par exemple aux dispositifs numériques ubiques qui permettent au sujet in-situ de disposer conjointement d’un point de vue ex-situ, enveloppant, de réseaux. Cette question, ainsi que toutes celles qu’elle convoque, a de nombreuses implications pour la recherche et la pédagogie qui est conduite dans nos établissements et plus généralement pour la production architecturale et urbaine.